Rik Lina

Collective Automatism

Automatisme Collectif

Tropicalities

Except to let yourself be locked up in some artificial tourist paradise, it is almost impossible that the somewhat thorough frequentation of any humid tropical region does not leave any deep traces in your mind.
It is probably difficult today to imagine what was the surprise, vertiginous and radical, of the first European invaders who landed in Southern America, confronted with a world of which they knew nothing and not even its existence.
However, we must not despair of anything, especially not of the tropics...
A few steps in the countryside or the forests of the West Indies, will quickly convince the European walker - assuming he still has working legs and arms, as well as accurate eyes and ears - that he may sudddenly fall upon the presence of a good number of species animal and even more vegetal ones of which he knew nothing, and of which it is not always certain that they have a name other than local and very vernacular.
Thus, as far as I am concerned, the entirely auditory encounter with the Sifleur des Montagnes in the heights of the Pitons du Carbet in Martinique.
How to imagine that a bird may sing a sequence of a good ten notes, like a flute player rehearsing in the depths of the forest 10 kilometers from any habitation?
So too with this Physalia, a sailing jellyfish with formidable venom, also called Portuguese Galera, a mauve and pink thing, washed up on an isolated strand in the south-east of Martinique and that, given my solitude, my very long lonely walk and the strangeness of the place, I was for a brief moment not very far from taking for an extra-terrestrial being.
Don't smile. There has never been any human certainty that was not ultimately founded based on the consensus of the whole species.
It was therefore inevitable that Rik Lina's unconscious, like mine or that of anyone else who still pays any attention to the world, was irretrievably colonized by the tropical side of the world.

Tropicalités

Sauf à se laisser enfermer dans un quelconque paradis artificiel touristique, il est à peu près impossible que la fréquentation un peu approfondie d'une quelconque région tropicale humide ne vous laisse pas quelques traces profondes dans l'esprit.
On peine sans doute aujourd'hui à se représenter quelle fut la surprise, vertigineuse et radicale des premiers envahisseurs européens qui débarquèrent en Amérique, confrontés à un monde dont ils ignoraients tout et jusqu'à l'existence même.
Il ne faut cependant désespérer de rien, surtout pas des tropiques...
Quelques marches dans la campagne ou les forêts des Antilles, convaincront vite le promeneur européen - s'il est encore pourvu de jambes et de bras, d'yeux et d'oreilles en état de marche - qu'il peut se trouver mis en présence de bon nombre d'espèces animales et plus encore végétales dont il ignorait tout, et dont il n'est pas toujours assuré qu'elles aient un nom autre que local et fort vernaculaire.
Ainsi pour ce qui me concerne, de la rencontre toute auditive du Sifleur des Montagnes dans les hauteurs des Pitons du Carbet en Martinique.
Comment imaginer qu'un oiseau puisse enchaîner une bonne dizaine de notes, tel un joueur de flute en train de répéter au fond des forêts à 10 kilomètres de toute habitation ?
Ainsi encore de cette physalie, aussi appelée Galère Portugaise, méduse à voile au venin redoutable, chose mauve et rose échouée sur une plage isolée du Sud-Est de la Martinique et que, compte tenu de ma solitude, de ma fort longue marche et de l'étrangeté des lieux, je ne fus pendant un bref instant pas très loin de prendre pour un extra-terrestre.
Ne souriez pas. Il n'y a jamais eu de certitude humaine qu'issue du consensus de toute l'espèce.
Il était donc inévitable que l'inconscient de Rik Lina, comme le mien ou celui de quiconque prête tant soit peu quelque attention au monde, se trouve irrémédiablement colonisé par le versant tropical du monde.

The submarine unconscious

Even more than ghosts do, as soon as you yourself have haunted them a bit, underwater landscapes come and come back again to imprint themselves and very strongly and permanently in your unconscious.
Rik Lina provides us with sufficient evidence of it. But I shall add another evidence of it...
My wife being of West Indian origin, I happened to do some snorkeling in Martinique Nothing extraordinary, never deeper than 3 meters and always very carefully along the coral reef, because the size of the sharks that fishermen sometimes bring back is kind of frightening.
After my first trip to Martinique, I found myself seized with an irresistible desire to "make art" (Humm). All at my creative fever, I worked passionately and in pure automatism for 2 or 3 days long, without worrying the least about what I was doing and of which I was completely unaware of the nature.
I then moved on to something else, an African-inspired sculpture I think, so that I let my pictorial attempt cool down for a week or two.
When I went back to it, I suddenly SAW what I had been painting, in a completely unconsciously way, but with the kind of passion and attention that makes your tongue hang out a bit... I had been painting the very coral structures that I had seen during my dives in the West Indies
I will not say that my image was a failure. It's even one of the most realistic images I have ever done. And at the same time the most surreal as to its origin.
This raises the - surrealist ! - question of the reasons why underwater landscapes manage to leave such a powerful imprint on the human unconscious.
People who only ever see the surface of the oceans may find it difficult to gather where I am heading to, but while Western universalism could be justly criticized for its somewhat colonialist perfume, a 21 century universalism that would go on, - without even a shudder - putting aside of its vision 75% of the planet, all the same looks a lot like a kind of somewhat fanatic form of provincialism.
Rik Lina's work pleads for a different vision

Oceans are our future in many ways, and with the climate change, and the collapse of biologic diversity, not all of them may be very pleasant.

L'inconscient sous-marin

Plus encore que ne le font les spectres, dès que vous les avez vous-même un peu hantés les paysages sous-marins viennent et reviennent s'imprimer fortement et durablement au fond de votre inconscient.
Rik Lina nous en fournit une preuve éclatante.
J'y adjoindrai une autre...
Mon épouse étant d'origine antillaise, il m'est arrivé de faire un peu de plongée en apnée en Martinique. Rien d'extraordinaire, jamais plus profond que 3 mètres et toujours très prudemment le long de la barrière de corail, car la taille des requins que ramènent parfois les pêcheurs n'a rien de vraiment rassurant.
Après mon premier séjour en Martinique, je me suis trouvé pris d'une irrésistible envie de "faire de l'art" (Humm). Tout à ma fièvre créatrice, j'ai travaillé avec passion et en pur automatisme pendant 2 ou 3 jours sans me soucier de ce que je faisais et dont j'ignorais complètement la nature.
Je suis ensuite passé à autre chose, une sculpture d'inspiration africaine je crois, de sorte que j'ai laissé refroidir ma tentative picturale pendant une semaine ou deux.
Lorsque je suis retourné à mon image, j'ai soudain VU ce que j'avais peint, certes tout à fait inconsciemment, mais avec le genre de passion et d'attention qui vous fait la langue un peu pendante. Il s'agissait des structures coralliennes que j'avais vues lors de mes plongées aux Antilles
Je ne dirai pas que mon image était ratée. C'est même finalement l'une des images les plus réalistes qu'il me soit jamais arrivé de faire. En même temps que la plus surréaliste quant à son origine.
Cela pose la question - surréaliste ! - des raisons pour lesquelles les paysages sous-marins laissent une empreinte aussi puissante dans l'inconcient.
Les gens qui ne voient jamais des océans que leur surface auront peut-être du mal à comprendre où je veux en venir, mais enfin, si l'universalisme occidental a pu être justement critiqué pour ses relents un brin colonialistes, un universalisme du 21e siècle qui continuerait, sans même frémir, de laisser côté 75% de la planète ressemble tout de même beaucoup à une forme un peu fanatique de provincialisme.
Les oeuvres de Rik Lina nous orientent vers une vision differente

Les oceans sont notre futur de beaucoup de manières, et compte tenu du changement climatique et de l'effondrement de la diversité biologique, elles ne seront peut-être pas toutes plaisantes.

To go and see somewhere else

In general, artists have most often drawn their inspiration from the macroscopic aspects of the human visual world, that is to say that they have restricted themselves to what men can see without any special equipment.
But the world is by no means reduced to this, and one may think that this probably results in a very significant reduction of the forms that happened to be considered in the arts.
Just as surrealists were once fascinated by mathematical forms and even much more generally by the forms created by distant and isolated peoples of both Americas, Africa or Oceania, one may think that taking into account scientific imagery relating to very large scales (for example cosmic, but not only) or to microscopic and nanoscopic scales would be likely to enrich the vocabulary of the arts and, what is even much more important, to increase the scope as well as the depth of the human unconscious world.

CROSSBREED HYBRIDS, a collaboration between Rik Lina and his friend Peter van der Heijden show us some first hints about how things could be.

Aller se faire voir ailleurs

En règle générale, il faut bien dire que les artistes se sont le plus souvent inspirés des aspects macroscopiques du monde visuel humain, c'est à dire qu'ils se sont restreints à ce que les hommes peuvent voir sans appareillage particulier.
Or le monde réel ne se réduit nullement à cela, et on peut penser qu'il en est probablement résulté une réduction très importante du nombre et du type des formes qui se sont trouvés prises en considération dans les arts.
De même que les surréalistes furent un moment fascinés par les formes mathématiques et bien plus généralement encore par les formes issues des peuples lointains et isolés des deux Amériques, d'Afrique ou d'Océanie, on peut penser que la prise en compte des imageries scientifiques relatives aux très grandes échelles (par exemple cosmique, mais pas seulement) comme aux échelles micro et nanoscopiques seraient de nature à enrichir le vocabulaire de l'art et, ce qui est beaucoup plus important encore, à accroître l'étendue comme la profondeur du monde inconscient humain.

CROSSBREED HYBRIDS, une collaboration de Rik Lina et de son amis Peter van der Heijden donne une première idée de ce qu'il pourrait en être.